1931 -
Crime à la Réselle
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Source: Démocrate 01.05.1931
Portes closes : Une fillette pleure dans la maison
Le crime avait été perpétré le 6 mars, mais la ferme de la Réselle est isolée, loin
de tout trafic.
M. Leuenberger, d'Ederswiler, se rendait lundi 10 mars 1930 à la ferme de la Réselle
pour discuter d'une affaire de bois avec M. Friedli. Il trouva portes closes, mais
entendit une fillette pleurer à l'intérieur. A l'écurie le bétail beuglait. M.
Leuenberger revint au village de Movelier et raconta à son frère que quelque chose
d'anormal devait se passer à la ferme de la Réselle. On pensa tout d'abord que les
époux s'étaient rendus chez leur fille, Mme Walther, à Ederswiler et qu'ils
rentreraient le soir. M. Leuenberger regagna son domicile. A Ederswiler et s'empressa
d'aller demander dans la Famille Walther si les époux Friedli leur avaient rendu visite.
On lui répondit négativement et le soir lorsque le garde forestier de Movelier, M. Léon
Broquet, rentra à son domicile, le frère de M. Leuenberger fit part de l'absence des
époux Friedli qui paraissait cependant fort étrange. On décida de se rendre à la ferme
de la Réselle; M. Léon Broquet garde-forestier et M. Leuenberger y arrivèrent à 8
heures du soir.
Les deux visiteurs furent obligés d'entrer dans la maison par l'écurie. Le bétail
beuglait toujours. Ils allumèrent une lanterne et fourragèrent le bétail. Les cris
poussés par la fillette attirèrent l'attention de MM. Broquet et Leuenberger qui
pénétèrent dans la cuisine et dans la chambre où ils virent la porte et le plancher
tachés de sang. Ils décidèrent d'emmener la fillette avec eux au village et d'informer
les autorités. Chemin faisant, ils aperçurent dans le pâturage une lumière et crurent
que c'étaient les époux Friedli qui rentraient d'Ederswiler. La fillette appela sa
maman. La lumière avançait assez rapidement sur le pâturage de la Réselle, c'était
Mme Walther, fille le Mme Friedli, accompagnée du frère de M. Leuenberger qui, dans
l'après-midi, aval trouvé portes closes à la ferme de la Réselle, qu'accompagnait
encore M. Wuillemin, agriculteur à Ederswiler. On pénétra dans la ferme et on chercha
partout sans trouver les époux Friedli. Mme Walther qui connaissait la maison de ses
parents, déclara qu'il fallait encore aller voir à la cave, à laquelle on accédait par
une trappe qui se trouvait à la cuisine. En ouvrant la trappe, on trouva le corps de M.
Friedli , la tête recouverte d'un essuie-mains tout ensanglanté. Plus bas gisait le
corps de Mme Friedli, la tête également recouverte d'un linge. M. Léon Broquet et M.
Leuenberger se rendirent immédiatement
au village pour informer les autorités. On téléphona de Movelier au gendarme de Pleigne
et au poste de gendarmerie de Roggenbourg.
La nouvelle s'étant répandue, on se précpita à la ferme de la Réselle et les
autorités communales composées de MM. François Brêchet, adjoint au maire, M. Joseph
Broquet, conseiller communal, M. Léon Broquet, garde forestier et M. Achille Tièche.
arrivèrent sur les lieux. Le gendarme de Pleigne, M. Hess informa le sergent Folletête ,
à Delémont, qu'un crime venait d'être commis à la ferme de la Réselle. Le juge
d'instruction Ceppi, à Delémont, arriva le mardi matin de très bonne heure avec M.
Billieux, procureur général du Jura. Le commandant de gendarmerie du canton de Berne, M.
Krebs, informé à son tour, se rendit aussi immédiatement à la ferme de la Réselle. On
procéda aux constatations légales, les marres de sang recouvertes avec de la fleur de
foin furent photographiées ainsi que tout l'intérieur de l'habitation de la ferme. Les
cadavres des époux Friedli furent conduits à Delémont pour l'autopsie légale, à
laquelle assistait le médecin légiste du canton de Berne.
Le jeudi 13 mars, ils étaient enterrés au cimetière de Delémont.